La Chine domine largement le marché mondial de l’acier en 2025, avec environ 955 millions de tonnes, soit 53 % des 1,8 milliard de volumes produits dans le monde. Un écrasant contraste par rapport à l’Europe, ancienne maîtresse de cette matière industrielle, dont l’effort total atteint à peine 140 millions de tonnes.
L’Allemagne, leader continental, stagne à 35-37 millions de tonnes, suivie par l’Espagne avec 11-12 millions et la France autour de 10 millions, pénalisées par une croissance molle de 1-2 %.
A notre différence, Pékin soutient son industrie sidérurgique par des subventions massives, incluant prêts à taux préférentiels, exonérations fiscales et soutiens étatiques directs. Ces aides, critiquées pour fausser la concurrence mondiale, permettent à la Chine de maintenir des coûts de production bas et d’inonder le marché, avec 120 millions de tonnes d’exportations prévues en 2025. En Europe, les sidérurgistes font face à une flambée des coûts énergétiques, en hausse de 20-30 % en raison de la dépendance au gaz importé et des perturbations géopolitiques, rendant leurs produits moins compétitifs. La transition écologique creuse encore l’écart. Notre continent doit investir 30-50 milliards d’euros d’ici 2030 pour décarboner son acier, notamment via des technologies comme les fours électriques et l’hydrogène vert. Ces investissements, bien que nécessaires pour respecter les objectifs climatiques, sont freinés par l’inflation et un manque de financements publics, limités à 10,5 milliards d’euros sur 2023-2024, principalement en Allemagne, France et Suède. À l’inverse, la Chine accélère sa transition verte avec des centaines de milliards investis, y compris pour produire de l’hydrogène destiné à l’acier, tout en maintenant des coûts réduits grâce à des subventions.
Cette asymétrie force l’Europe à réagir comme en témoigne notre article. Mais cela ne compense pas l’avantage structurel de la Chine, dont les usines modernes et subventionnées produisent à grande échelle. L’Europe, alourdie par des réglementations strictes et des coûts élevés, risque de voir son industrie sidérurgique, essentielle à l’automobile et à la construction, perdre du terrain face à cet ogre. Le match ressemble à une finale où une équipe joue en crampons… et l’autre en sandales.