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4 septembre 2025

Le lenacapavir, un traitement préventif révolutionnaire contre le VIH débarque en Europe sous le nom de Yeztugo. Développé par le laboratoire américain Gilead, il agit avec une efficacité impressionnante… malgré un prix encore prohibitif.

Approuvé le 26 août 2025 par la Commission européenne, après un avis favorable du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA), ce traitement injectable change la donne dans la prévention du VIH. Il est le fruit du développement du Sunlenca, également fondé sur le lenacapavir. Un traitement contre le sida commercialisé depuis août 2022 en Europe. C’est un inhibiteur de capside, qui bloque la réplication du VIH en s’attaquant à sa coque protectrice. Les essais cliniques, lancés en 2022, ont démontré son efficacité en prévention.

Le lenacapavir est administré par injection sous-cutanée tous les six mois, une révolution par rapport aux pilules quotidiennes de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) classique, comme le Truvada. Les essais ont montré une efficacité impressionnante : 100 % de protection chez 5 300 jeunes femmes en Afrique du Sud et en Ouganda, et 96 % chez des hommes.

Lors du premier essai clinique, aucune infection n’a été enregistrée parmi les participantes sous lenacapavir, contre 2 % dans le groupe sous PrEP orale. En Europe, où entre 20 et 30 000 nouveaux cas de séropositivité sont diagnostiqués chaque année, ce traitement serait capable de les réduire drastiquement, notamment chez les populations vulnérables et à risques. En France, où près de 6 000 cas annuels persistent, le lenacapavir pourrait combler les lacunes de la prévention actuelle.

Malgré son potentiel, le lenacapavir n’est pas parfait. L’administration nécessite une infrastructure médicale pour les injections, un défi dans les zones rurales. De plus, des effets secondaires comme des nausées ou des nodules au site d’injection ont été rapportés.

Mais le principal obstacle à sa diffusion réside dans son coût. Aux États-Unis, les injections coûtent 28 000 à 42 000 dollars par an, rendant le traitement inabordable pour beaucoup. Une étude de l’université de Liverpool estime qu’une version générique pourrait coûter 40 dollars par an avec une production massive. Et Gilead est critiqué pour restreindre ces types de licences, limitant l’accès dans les pays à faibles revenus. L’ONG Médecins Sans Frontières et l’ONUSIDA exigent des licences ouvertes via le Medicines Patent Pool pour démocratiser l’accès. En Europe, où les systèmes de santé publics pourraient absorber les coûts, l’inégalité d’accès reste une préoccupation, notamment pour les populations marginalisées. Mais malgré son coût et les freins à la production de génériques, le lenacapavir s’annonce comme une réelle révolution dans la prévention du VIH. Enfin…