Partager

Mode clair Mode sombre
11 juin 2025

Réduire les intrants « jusqu’à 50 % », tout en augmentant les rendements agricoles « d’au moins 20 % ». C’est la promesse de la jeune pousse Teravenir, installée à Amiens, qui veut révolutionner la fertilisation des sols avec une sonde connectée.

Start-up créée il y a quelques mois seulement, en octobre 2024, Teravenir fait déjà parler d’elle dans le monde de l’AgTech. Sa promesse ? Aider les agriculteurs à produire mieux, avec moins. Grâce à une sonde connectée enterrée dans le sol et une application mobile, les exploitants pourraient bientôt surveiller en temps réel les besoins nutritionnels de leurs cultures. Une technologie inédite, qui combine capteurs optiques et électrochimiques, algorithmes de recommandations, et surtout, autonomie totale sur le terrain.

Une idée née de la recherche académique, mûrie au contact du terrain

Derrière cette innovation, un homme : Benjamin Mendou, docteur en biotechnologie végétale et enseignant-chercheur à l’Université de Picardie Jules Verne. Depuis 2014, il planche sur un outil qui pourrait rendre les pratiques agricoles à la fois plus intelligentes, plus rentables et plus durables. Il s’associe à Alain Cauchois et Pascal Fradcourt, qui apportent leur expérience terrain et managériale, et donne ainsi naissance à Teravenir. Ensemble, ils veulent transformer ce projet de laboratoire en solution de terrain opérationnelle, testée dans les champs, et bientôt industrialisée.

Le dispositif phare de Teravenir, la station ATS (Agriculture Technology Solution), s’enterre discrètement dans la parcelle, capte les taux de nitrates, de phosphore ou de potassium, puis envoie les données à l’agriculteur via une appli intuitive. L’exploitant reçoit alors des recommandations claires : quand intervenir, avec quelle dose d’engrais, et sur quelle zone précise. L’objectif est simple : apporter « la juste dose, au bon moment, au bon endroit ». Ce dosage millimétré permettrait d’économiser entre « 200 et 300 euros par hectare » en fertilisants, le tout associé à une réduction des pesticides utilisés. « Notre solution permet d’augmenter les rendements de 20 à 30 %, en diminuant l’utilisation des intrants d’environ 50 % », assure le dirigeant de la jeune pousse. À l’heure où l’agriculture est sommée de produire davantage avec moins d’impact, Teravenir coche donc toutes les cases !

Premiers déploiements en 2025, ambitions mondiales en ligne de mire

Sur le plan technologique, la solution Teravenir se distingue par plusieurs innovations notables : l’automatisation du système grâce à des algorithmes avancés, l’intégration d’un module optique polyvalent capable de mesurer en temps réel plusieurs paramètres du sol (azote, phosphore, potassium, magnésium), des sondes placées à différentes profondeurs, etc. L’ensemble de ces caractéristiques font de cette sonde connectée un outil de fertilisation de précision « sans équivalent connu à l’heure actuelle ».

Son dernier prototype industriel, baptisé « INEO » et optimisé avec l’aide du français Equans, a été présenté au printemps 2025 à la Chambre d’agriculture de la Somme. Il est désormais équipé d’une batterie et de panneaux solaires (pour l’été) et d’une résistance (en hiver). Il est prévu de déployer environ une cinquantaine de stations cet automne sur des exploitations pilotes en Picardie, avant une production plus large et une levée de fonds pour accélérer l’industrialisation : « Nous allons d’abord passer à 500 machines, puis lancer une commercialisation internationale ». Sachant que chaque système de trois sondes serait capable de gérer jusqu’à « 10 hectares », et est produit avec des matériaux « prévus pour résister aux intempéries et aux chocs, comme ceux des machines agricoles et des animaux ».

Si la France reste le cœur de cible, via ses coopératives agricoles, des signaux venus de l’étranger, notamment de Chine, où une administration locale (Hefei) souhaite commander « 1000 unités », montrent que l’intérêt pour cette technologie est déjà mondial. « Nous allons fabriquer à Laroche Industries (Méaulte) et exporter ensuite. C’est du Made in France que l’on va déployer en Chine », se réjouit l’inventeur-entrepreneur.