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10 septembre 2025

“Pas de réseau” – cette angoisse de la zone blanche va-t-elle bientôt disparaître ?
Car la panne ou l’urgence surgit toujours quand les barres de connexion s’éteignent. La liaison directe entre nos smartphones et les constellations de satellites, dont Starlink est le précurseur, est sur le point d’y mettre fin.

C’est une acquisition qui annonce des bouleversements majeurs. Avec le rachat du portefeuille spectral d’EchoStar pour 17 milliards de dollars, SpaceX acquiert une large bande de fréquences aux États-Unis (50 MHz de spectre S-band) ainsi que des autorisations d’exploitation pour fournir des services mobiles par satellite dans le monde entier (licences globales MSS). Une étape décisive vers l’objectif d’une élimination complète des zones blanches dans le monde, c’est-à-dire des zones sans aucun réseau téléphonique mobile.

Une connectivité téléphonique 5G sur l’ensemble du territoire américain

Si les licences MSS permettront d’offrir des services téléphoniques basiques (SMS, appels, données limitées) à l’échelle planétaire, c’est le spectre S-band américain qui constitue la base de la véritable prouesse technique à venir.

Une nouvelle génération de satellites, optimisée pour exploiter ce spectre exclusif, promet en effet une multiplication par 100 de la capacité du système de connectivité directe des téléphones portables aux satellites Starlink aux États-Unis. Concrètement, cela signifie une connectivité équivalente à la 5G des réseaux terrestres actuels. Imaginez : de la vidéoconférence fluide depuis les parcs nationaux, ou encore du streaming haute définition en plein désert du Nevada, directement depuis votre smartphone.

L’enjeu crucial de l’adoption par les géants du mobile

Cette révolution nécessitera toutefois une adaptation : les bandes de fréquences S-band acquises (AWS-4 et PCS-H) ne sont actuellement acceptées par aucun téléphone existant. Apple, Samsung et les autres constructeurs devront intégrer ces nouvelles fréquences dans leurs futurs appareils.

Le géant de Cupertino, déjà engagé avec Globalstar pour sa propre solution satellitaire, se trouve maintenant dans une position délicate : continuer son partenariat actuel ou céder aux pressions d’Elon Musk, qui n’hésite pas à brandir la menace d’un « téléphone Starlink » propriétaire.

Les implications de cette technologie dépassent le simple confort. Lors de récentes catastrophes naturelles aux États-Unis, 1,5 million de personnes ont pu communiquer via Starlink Direct to Cell quand les réseaux cellulaires terrestres étaient détruits. En Nouvelle-Zélande, une automobiliste a pu alerter les secours via satellite après un accident, permettant aux secours d’arriver en quelques minutes alors qu’elle se trouvait en zone blanche.

Les risques d’un monopole spatial

Cette nouvelle acquisition révèle la stratégie agressive de SpaceX et Starlink : dominer par des investissements massifs sans préoccupation de rentabilité à court terme. La concurrence du projet Kuiper d’Amazon demeure essentielle pour préserver un écosystème sain. Si la promesse d’une connectivité universelle est enthousiasmante, elle ne doit pas faire oublier l’importance d’un paysage concurrentiel équilibré dans ce secteur télécom stratégique de demain.