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8 septembre 2025

Imaginez : vous pensez à une phrase, et hop, elle s’affiche à l’écran ou sort avec votre propre voix synthétisée ! Ce n’est plus de la science-fiction, mais une réalité émergente grâce à un implant cérébral développé par des chercheurs de l’Université de Stanford.

Annoncé en août 2025 via une étude publiée dans la revue Cell, ce projet d’interface cerveau-machine (ICM) vise à redonner la parole aux personnes paralysées, comme celles atteintes de la maladie de Charcot (hélas, encore sans rémission) ou victimes d’AVC.

Le son du cerveau !

L’implant, un réseau de microélectrodes fines comme des cheveux, s’insère dans le cortex moteur, la zone du cerveau qui gère la parole. Ces sondes captent les signaux neuronaux émis quand on « pense » une phrase sans la prononcer – cette fameuse petite voix intérieure. Couplé à une IA entraînée sur des milliers de patterns cérébraux, le système traduit ces impulsions en mots ou en phrases en temps réel. Précision actuelle : environ 74 % pour un vocabulaire allant jusqu’à 125 000 mots. Le tout est sécurisé par un mot de passe mental, pensé pour activer le décodage, avec une fiabilité de 98 %.

Les tests sont impressionnants. Chez une patiente tétraplégique, privée de parole à la suite d’un AVC, l’implant a converti ses pensées en sa voix d’avant, avec un délai réduit à 80 millisecondes. D’autres essais, dans le cadre du projet BrainGate 2, ont décodé des pensées spontanées, comme imaginer écrire des phrases, montrant que le système peut fonctionner avec un entraînement préalable.

En mars 2025, une version similaire a permis une communication quasi instantanée pour une femme paralysée. Mais ne rêvons pas trop : il faudra encore plusieurs années de tests pour affiner les algorithmes et le hardware de l’implant avant de pouvoir le diffuser.

Attention aux « red flags »

Malgré ces avancées, le vocabulaire utilisable est souvent limité (1 024 mots dans certains modèles), l’IA commet des erreurs, et son entraînement demande des heures. Surtout, l’implantation est invasive, fondée sur une lourde chirurgie cérébrale, entraînant des risques d’infection ou de rejet. Par ailleurs, d’évidentes questions éthiques se posent. Et si vos pensées privées pouvaient être lues sans votre permission ? Le mot de passe représente certes une sécurité. Mais imaginez que votre cerveau soit quand même hacké ! Cela amènerait désormais à envisager la question des « neurorights » : des droits à l’inviolabilité mentale.

À lire : Stanford vs Neuralink : la guerre des implants