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16 septembre 2025

L’Europe lance son premier supercalculateur, l’un des quatre plus puissants au monde, conçu pour créer des « jumeaux numériques » de la Terre.

Jupiter n’est pas qu’une planète. C’est aussi le premier ordinateur géant européen, inauguré vendredi 5 septembre sur le campus du centre de recherche de Jülich, en Allemagne, près de Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Tout simplement l’un des quatre plus puissants supercalculateurs au monde (sans surprise, les trois autres sont américains). Une « machine » d’une taille démentielle, occupant 3 600 m². Conçu par le groupe français Atos et financé à hauteur de 500 millions d’euros par l’Allemagne et l’Europe, il peut effectuer un quintillion de calculs à la seconde — soit un milliard de milliards — grâce à ses 24 000 puces fournies par Nvidia, dont le quasi-monopole lui permet d’être dans tous les bons coups. Destiné notamment à repositionner notre continent dans l’entraînement des modèles de langage IA (LLM), comme Gemini ou ChatGPT, il offre surtout d’immenses promesses dans la recherche sur le climat.

Son objectif phare est la création de répliques virtuelles de la Terre. Une véritable révolution entrant dans le cadre du Earth Virtualization Engines, un projet d’envergure mondiale initié lors d’un sommet à Berlin, en juillet 2023, réunissant certains des plus grands experts mondiaux en climatologie, technologie et IA.

Ces modélisations doivent permettre de visualiser et d’analyser des phénomènes complexes, comme les impacts des événements météorologiques extrêmes sur l’atmosphère, les sols, les océans et les glaces terrestres, soit les systèmes globaux. L’Institut Max-Planck pour la météorologie est l’un des premiers utilisateurs de Jupiter. En collaboration avec le Centre allemand de calcul climatique et le campus de Jülich, il mène une fascinante expérience de simulation du climat terrestre sur une année entière, en considérant tous ses paramètres. Cela permettra notamment d’étudier la manière dont les tempêtes influencent les systèmes de vents globaux et le cycle du carbone, aidant à évaluer les impacts régionaux du changement climatique.

Ce genre de simulations était jusqu’à présent inimaginable en raison des limites des calculateurs existants. Un immense bond en avant pour la recherche.