La Chine, le pays le plus polluant du monde, aurait-elle atteint son pic d’émissions de CO₂ ? C’est en tout cas ce que laisse entendre une étude finlandaise du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Crea), publiée par Carbon Brief.
Ces rejets sont même en recul de 1,6 % au premier trimestre 2025 et de 1% sur les 12 derniers mois. La nouvelle est certes à prendre avec des pincettes. Mais si le phénomène perdure et dicte une tendance, il pourrait marquer une nouvelle ère. Car l’Empire du Milieu représente à ce jour environ 30 % de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre, contre 11 % pour des États-Unis, moins enclins à s’y attaquer. Des chiffres astronomiques qui rendent les efforts des autres nations, et particulièrement de l’Europe (6,8% des émissions) et de la France, assez vains dans le contexte de hausse continue observée ces dernières années et négativement alimentée par la guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington.

En réalité, ce n’est pas la première baisse enregistrée, mais à la différence des précédentes, elle semble influencée par les mesures structurelles engagées par la Chine en matière d’énergies décarbonées. Un premier repli avait été observé entre 2020 et 2021, en pleine pandémie de Covid. Mais il était le fruit de la diminution globale de l’activité et il avait été suivi d’une croissance violente et d’une contraction en 2023. Or, la nouvelle baisse s’inscrit dans une période économiquement intense, même si le PIB chinois n’a augmenté « que » de 4.6% en 2024, contre 5.6% l’année précédente, alors même que les émissions de la dernière année suivent une courbe en plateau légèrement descendante. Mieux, comme le rappelle le politologue et auteur pour le GIEC, François Gemenne, qui regrette le peu de lumière projetée sur cette information : « la croissance des énergies décarbonées […] dépasse pour la première fois celle de la demande en énergie. » Bien que la partie soit loin d’être gagnée, un prolongement de la tendance verrait Pékin atteindre ses objectifs de pic de ses émissions, fixé en 2030, avec cinq ans d’avance. Réjouissons-nous un peu, dans l’espoir de la confirmation du phénomène.