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Temps de lecture : 9 minutes

8 décembre 2025

Prévenir les épidémies, comprendre nos origines cosmiques, recycler les polluants éternels, désengorger les villes par les airs et démocratiser la robotique : cinq avancées scientifiques et technologiques qui redéfinissent silencieusement nos infrastructures, nos objets et nos imaginaires !

Le premier vaccin à dose unique contre la dengue approuvé !

Une seule injection, et c’est tout ! Au Brésil, l’agence sanitaire Anvisa vient d’approuver le Butantan-DV, le premier vaccin au monde contre la dengue, administré en dose unique, pour les 12 à 59 ans. Dans un pays particulièrement affecté par la maladie – plus de 6 000 morts en 2024, soit près de la moitié des décès mondiaux dus à cette terrible maladie provoquée par le moustique tigre –, la décision tant attendue est qualifiée de « succès historique » par les autorités sanitaires.

Ce vaccin a en effet un atout décisif : il est tétravalent, c’est-à-dire conçu pour cibler les quatre sérotypes du virus de la dengue. Développé par l’Institut brésilien Butantan, avec le soutien des National Institutes of Health américains, il est issu de huit ans de recherche et d’essais cliniques menés sur plus de 16 000 volontaires dans 14 États brésiliens. Il montre une efficacité globale d’environ 80 % contre les formes symptomatiques et de plus de 90 % contre les formes graves, avec un profil de sécurité jugé satisfaisant.

Le choix de la dose unique n’est pas anecdotique. Dans les grandes métropoles comme dans les communautés isolées de l’Amazonie, convaincre les populations de revenir pour une deuxième dose est un véritable défi. Avec le Butantan-DV, une seule visite suffit pour être protégé sur une longue durée, y compris pour les personnes n’ayant jamais été infectées auparavant. Il va grandement faciliter les campagnes dans les quartiers populaires, les zones rurales et tous les pays où l’accès aux soins est limité.

L’Institut Butantan a déjà produit plus d’un million de doses, et un partenariat avec le groupe chinois WuXi permettra de livrer environ 30 millions de doses supplémentaires à partir du second semestre 2026. Au-delà du Brésil, l’enjeu devient mondial. En 2024, la planète a enregistré un niveau record de plus de 14,6 millions de cas de dengue et plus de 12 000 décès, sous l’effet combiné de l’urbanisation et de l’expansion du moustique tigre.

Des sucres essentiels à la vie sur Terre trouvés sur Bennu

Comment se fabrique une planète habitée à partir de poussières d’étoiles ? Pour le comprendre, les scientifiques se penchent depuis deux ans sur des cailloux très particuliers : les échantillons de l’astéroïde Bennu, visité par la mission OSIRIS-REx en 2020. Ils viennent de livrer un trésor chimique qui pourrait réécrire le scénario des origines de la vie !

Dans les grains sombres rapportés sur Terre en 2023, les chercheurs ont identifié des sucres essentiels au vivant : le ribose, indispensable à l’ARN, et le glucose, principale source d’énergie de nos cellules. Ce n’est pas la découverte d’une « vie extraterrestre », mais la preuve que des briques fondamentales de la biologie se formaient déjà dans les roches de l’ancienne nébuleuse solaire, bien avant l’apparition de notre Terre habitable.

Autre surprise de taille : un matériau jamais observé jusqu’ici dans ce type d’échantillon a été découvert, sous la forme d’un assemblage de polymères riches en azote et en oxygène. Ce « gel primitif » aurait pris forme dans les premiers temps de notre Système solaire. Les chercheurs y voient un laboratoire naturel où des molécules complexes ont pu se concentrer, se lier, évoluer : un terrain d’essai idéal pour la chimie prébiotique.

Enfin, les fragments de Bennu se révèlent chargés d’une quantité exceptionnelle de poussières issues d’anciennes supernovas. Comme si l’astéroïde conservait, prisonnières dans sa matrice, des miettes d’étoiles mortes datant d’avant même la naissance du Soleil. De quoi renforcer une hypothèse vertigineuse : une part des ingrédients de la vie aurait été livrée sur la Terre (et peut-être Mars) par des astéroïdes comme Bennu. En le sondant, les chercheurs remontent ainsi la piste d’un monde vivant façonné par la chimie du cosmos.

Une méthode propre et écologique pour recycler le Téflon

On le retrouve sur nos poêles antiadhésives, dans l’électronique, dans les équipements industriels… Le Téflon (PTFE) est partout, et c’est tout le problème : ce plastique ultra-stable est presque impossible à recycler et, incinéré, il peut libérer des « polluants dits éternels » (PFAS) qui s’accumulent dans l’environnement. Mais serait-ce sur le point de changer ?

Des chercheurs des universités de Newcastle et de Birmingham viennent de proposer une solution inattendue : transformer ces déchets en ressource, grâce à une chimie propre, sans chaleur extrême ni solvants toxiques. Leur idée repose sur la mécanochimie, une approche qui déclenche les réactions chimiques par simple énergie mécanique. Dans un broyeur à billes en acier, ils mélangent des fragments de sodium métallique avec du Téflon usagé.

À température ambiante, l’agitation casse les liaisons carbone-fluor, pourtant parmi les plus robustes de la chimie. Et, au lieu de produire un cocktail de composés difficiles à traiter, ce procédé convertit le polymère en carbone inoffensif et en fluorure de sodium (NaF), un sel stable déjà utilisé dans les dentifrices fluorés ou l’eau potable.

Mieux encore : les chercheurs britanniques montrent que ce NaF récupéré peut servir directement de matière première pour fabriquer de nouvelles molécules fluorées à forte valeur ajoutée, notamment pour la pharmacie, les diagnostics ou les matériaux avancés.

Grâce à la résonance magnétique nucléaire à l’état solide, l’équipe est en mesure de confirmer que le fluorure de sodium obtenu est très pur, sans sous-produits problématiques. L’ensemble dessine un scénario d’avenir réjouissant. Plutôt que d’extraire le fluor via des procédés miniers énergivores et assez polluants, on pourrait le récupérer en partie dans nos déchets du quotidien, en refermant la boucle. La méthode n’en est encore qu’au stade de la recherche de laboratoire, mais elle esquisse une véritable économie circulaire du fluor.

Dès 2026, des taxis volants pour éliminer les bouchons routiers à Miami ?

Face aux interminables embouteillages de la métropole de Miami, un milliardaire pense avoir enfin trouvé la sortie… dans les airs. Stephen Ross, magnat de l’immobilier, s’allie à la start-up américaine Archer Aviation pour déployer un réseau de taxis volants électriques en Floride du Sud. Objectif : transformer un trajet infernal en « autoroute du ciel ».

Comment ? Avec des eVTOL, des avions électriques à décollage et atterrissage vertical, capables d’emporter quatre passagers et un pilote à environ 150 km/h. La liaison entre Miami et West Palm Beach, qui dépasse actuellement les 100 minutes aux heures de pointe, passerait à une trentaine de minutes, pour un tarif annoncé de 200 $ l’aller simple, dans la gamme d’un taxi ou VTC haut de gamme… mais sans les feux rouges !

Stephen Ross apporte ici ce qui manque souvent aux projets de taxis volants : le foncier. Il prévoit d’installer des « vertiports » sur des sites stratégiques qu’il contrôle déjà, comme le Hard Rock Stadium, ainsi que les aéroports de Miami, Fort Lauderdale et de Palm Beach. Ces plateformes intégreront des bornes de recharge et des zones d’embarquement dédiées.

Au-delà de l’argument du temps gagné, l’enjeu est plus large : faire de la Floride du Sud un labo de la mobilité aérienne, et offrir une innovation complémentaire aux voitures autonomes qui circuleront à Miami l’an prochain. Cette région, dopée par l’afflux constant de nouveaux habitants, voit ses autoroutes saturées et ses temps de trajet exploser.

Les premiers vols commerciaux pourraient démarrer dès 2026, si les autorités de l’aviation civile valident l’appareil d’Archer et son intégration dans l’espace aérien déjà chargé. Reste une question : ce « raccourci dans le ciel » restera-t-il un privilège de cadres pressés ou préfigure-t-il un nouveau mode de transport, appelé à se démocratiser à mesure que les coûts baisseront ? Pour l’instant, Miami sert de piste d’essai à grande échelle.

Reachy Mini, le petit robot open source made in France

Offrir, pour quelques centaines de dollars, un moyen simple de faire sortir l’IA de l’écran pour l’ancrer dans le monde physique grâce à un petit robot ? C’est la promesse de Reachy Mini.

Sur un bureau, il pourrait presque passer pour un jouet. En réalité, Reachy Mini est tout l’inverse : un petit robot humanoïde de 28 cm pour 1,5 kg, pensé comme une porte d’entrée radicalement nouvelle vers la robotique et l’IA. Conçu par la jeune start-up bordelaise Pollen Robotics, désormais dans le giron du franco-américain Hugging Face, ce robot de table se veut à la fois accessible, ouvert… et franchement expressif !

Ses deux antennes mobiles, ses « yeux » caméra grand angle et ses six axes de mouvement lui permettent de suivre un visage, de réagir à la voix ou d’exécuter de petites chorégraphies. Tout est documenté et open source, du firmware aux modèles mécaniques, avec un SDK Python complet, pour que développeurs, enseignants et « makers » puissent programmer rapidement des comportements en quelques lignes de code.

Reachy Mini existe en deux versions : Lite, à 299 dollars, reliée à un ordinateur via USB-C, et Wireless, à 449 dollars, dotée du Wi-Fi, d’une batterie et de microphones supplémentaires pour des usages plus autonomes. Sur les deux, les applications s’appuient directement sur l’écosystème Hugging Face : modèles de langage, IA conversationnelle, vision, etc. Le robot se veut une « incarnation physique » de ces IA, capable de regarder, d’écouter, de répondre et d’interagir. Pensé comme un « labo de poche » pour la physical AI, Reachy Mini est aussi disponible en simulation, afin de prototyper des expériences avant même de recevoir le kit.

Le pari semble déjà avoir trouvé son public : à peine quelques jours après sa sortie, les précommandes ont dépassé le million de dollars (ce qui représente donc plusieurs milliers d’exemplaires vendus). Par ailleurs, le robot vient d’être distingué dans la sélection des « Best Inventions of 2025 » du magazine TIME.

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