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3 novembre 2025

Désormais, chaque lundi, Les Électrons Libres vous propose un tour d’horizon des nouvelles électrisantes qui secouent le monde de la tech et œuvrent en faveur d’un progrès à même de changer votre quotidien. C’est parti pour le premier numéro d’Électroscope !

Neo ! L’élu de la maison !

Un fantasme de SF devenu réalité ! Apprêtez-vous à accueillir le petit Neo, votre futur robot d’intérieur. Accessible pour 20 000 dollars en achat direct ou 499 dollars par mois en location, il arrive dès 2026 aux États-Unis, avec une précommande ouverte sur le site de la start-up d’origine norvégienne*, 1X Technologies, qui l’a conçu.

1,68 mètre, des biceps pleins les manches, il peut soulever jusqu’à 70 kg alors qu’il en pèse à peine 30. Il plie le linge, range les courses, arrose les plantes, vide le lave-vaisselle et nettoie les surfaces, alimenté par une batterie affichant quatre heures d’autonomie. Dirigé par la voix ou via une application, il fonctionne en Wi-Fi, Bluetooth ou 5G, mais parle hélas avec le charme d’un réfrigérateur constipé.

Quand une tâche dépasse ses capacités, le mode Expert active un opérateur humain en réalité virtuelle. Ce dernier voit et entend à travers le robot, le guide, puis l’IA intègre la nouvelle compétence.

Mais on ne va pas vous mentir : notre petit robot n’est pas encore le nec plus ultra, et son système d’intervention externe pose un vrai problème de respect de la vie privée, même s’il ne peut s’enclencher sans l’accord explicite de son propriétaire. Il reste par ailleurs un produit d’intérieur sur sol dur, à l’étanchéité douteuse, et encore incapable de vous préparer ne serait-ce qu’un œuf dur.

Mais ne le dénigrez pas : il représente la première génération d’une révolution mise à la portée de tous, encore totalement inenvisageable il y a dix ans. Et ce, dans un contexte d’accélération exponentielle du progrès.

L’informatique personnelle a mis trente ans entre la divulgation d’ordinateurs aux compétences faméliques et la production de supercalculateurs domestiques, quand la téléphonie mobile n’en a eu besoin que de quinze pour passer de l’ancestral Nokia 1011 à l’iPhone. En à peine trois ans, l’IA a totalement remodelé notre quotidien.

En 2022, après la sortie du premier opus de ChatGPT, nombreux étaient sceptiques, se moquant des capacités de la bête. Depuis, chaque jour est l’occasion du lancement d’un nouveau modèle d’intelligence artificielle qui ringardise le précédent. Nous n’en sommes qu’à l’Antiquité de ces domaines. Mais une Antiquité qui glissera vers l’ère moderne à la vitesse de la lumière.

Prêt à parier que, d’ici cinq ans, Neo sera au robot domestique ce que Lucy est à l’être humain ?

Comme trop de start-up européennes, 1X Technologies a eu besoin de s’expatrier aux États-Unis pour bénéficier des capitaux permettant son développement. À quel moment notre continent réagira-t-il pour ne pas voir toutes ses pépites innovantes s’exiler ?

Epyr ? Le meilleur du renouvelable !

Un pas de géant pour l’énergie verte ? C’est la promesse d’Epyr, jeune start-up française née fin 2024, qui vient de lancer sa première unité industrielle à Troyes.

Le but ? Capter l’électricité renouvelable (solaire ou éolienne) lors des surplus de production, quand les prix sont bas ou négatifs, et la convertir en chaleur via des résistances électriques. Elle est ensuite stockée dans des briques réfractaires de céramique à haute performance, à des températures allant de 100 à 400 °C, à l’intérieur d’un conteneur isolé. À la demande, elle est restituée pour remplacer les chaudières tournant au gaz ou au fioul.

Cela cible les secteurs de la papeterie, de la chimie et de l’agro-industrie, responsables de 25 % de la consommation énergétique mondiale, majoritairement fossile.

Modulaire et rapide à déployer, l’unité troyenne n’est qu’un début : de cinq à dix sites sont envisagés dès l’an prochain. Une preuve qu’il est possible de stocker les énergies renouvelables à grande échelle sans attendre la batterie miracle.

En deux ans, Epyr pourrait bien réchauffer l’industrie sans une once de fossile.

Pour mieux comprendre Epyr

Le murmure d’un nouveau Concorde ?

Un silence plus rapide que le son ! Voilà l’avion supersonique X-59 de Lockheed Martin Skunk Works. Le 28 octobre, il a décollé de Palmdale, en Californie, pour son premier vol, piloté par Nils Larson pour la NASA. Il a tenu l’air une heure et sept minutes à 370 km/h, atterrissant sans un bruit suspect sur la base d’Edwards.

Son secret ? Un fuselage effilé de 29,5 mètres, un nez de 12 mètres qui brise les ondes de choc, un moteur GE F414 et un système de vision externe remplaçant la verrière. Résultat : un bang supersonique réduit à un simple « thump » de 75 décibels, comparable à une porte qui claque.

Reste aux promoteurs de ce bijou à convaincre la Federal Aviation Administration de lever l’interdiction des vols commerciaux supersoniques au-dessus des terres, en vigueur depuis 1973. Avec 518 millions de dollars investis par la NASA, dont 247,5 millions pour le contrat initial avec Lockheed Martin, l’investissement est lourd pour un démonstrateur unique. Mais il pourrait ouvrir un marché de plusieurs milliards si la réglementation suit.

Les prochaines étapes consistent à pousser l’avion jusqu’à Mach 1,4 et à tenter le survol de villes pour tester la tolérance des riverains. Si les données convainquent, le voyage New York–Londres pourrait tomber sous les quatre heures.

Le supersonique civil, mort avec Concorde, renaît en chuchotant — même si la question du bilan carbone demeure à étudier.

Chaleur record, énergie propre !

Mazama Energy, start-up née sous l’aile de Khosla Ventures et de Bill Gates, vient de battre le record mondial de la température la plus élevée jamais atteinte dans un système géothermique : 331 °C !

Comment ? En reprenant un vieux puits à Newberry, dans l’Oregon, comme injecteur, pour en forer un nouveau à 3 109 mètres de profondeur avec une précision chirurgicale. La roche sèche est ensuite activée par la technologie Thermal Lattice pour former un réservoir artificiel. Cette approche s’appuie sur une activation séquentielle, dépassant largement la fracturation hydraulique traditionnelle.

L’eau injectée se chauffe au contact de la pierre brûlante, remonte en vapeur et alimente une turbine. Il en découle une énergie propre, stable, disponible 24 h/24, indépendante du vent ou du soleil — une aubaine pour l’alimentation des data centers d’IA.

Le géothermique profond, longtemps bloqué par la quête de la chaleur extrême et par ses coûts, entre dans une nouvelle ère. Mazama prouve que l’on peut forer, fracturer et produire à l’échelle industrielle — et à une température record.

Pour en savoir plus

L’IA ne boit pas la tasse !

AWS, la filiale de cloud computing d’Amazon, vient de lancer le Project Rainier, un méga-cluster d’IA réunissant des centaines de milliers de puces Trainium2, réparties sur plusieurs data centers américains. D’ici fin décembre, Anthropic — le créateur du LLM Claude — en fera tourner un million.

Elles permettront d’obtenir cinq fois plus de puissance qu’auparavant pour entraîner des modèles géants, gérer des contextes d’un nombre incalculable de mots et répondre en temps réel.

L’autre bénéfice ? La dépense en eau, si souvent mise en accusation par les pourfendeurs de l’IA. Chaque puce Trainium2 est optimisée pour les calculs et traite les données sans attente, produisant moins de chaleur. La facture thermique est réduite de 30 à 40 %, et le bénéfice hydrique est considérable.