Au printemps 2001, la Somme est en crue. Tandis que l’eau monte inexorablement, inondant terres et villages, une idée folle émerge… Et si c’était de la faute… des Parisiens ?
Quand, le 9 avril, Lionel Jospin débarque à Abbeville, il est déjà trop tard. Le Premier ministre, attendu de pied ferme, est violemment pris à partie par des riverains furieux. Sur la défensive, il tente maladroitement de balayer la rumeur : « Vous pouvez imaginer que quelqu’un décide, à Paris, d’aller noyer la Somme ? Ça n’a pas de sens ! » Dans la foule, une femme réplique aussitôt : « Il y a sûrement quelque chose qui participe… », exprimant la conviction des sinistrés : Abbeville a payé le prix fort pour que Paris reste au sec.
Car des crues, la Somme en a connues, mais jamais d’identiques. Les anciens l’assurent : « Une telle intensité, on n’avait jamais vu. » Et ce détail qui rend tout suspect : l’eau continue de monter… alors qu’il ne pleut plus. Mystère ? Ou plutôt évidence. Pour les habitants, le scénario est clair. Les politiciens parisiens, paniqués à l’idée de voir la capitale sous l’eau, auraient détourné les flots vers la vallée picarde. Après tout, ce ne serait pas la première fois que la province servirait de variable d’ajustement, non ?