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23 juin 2025

C’est une véritable révolution médicale qui nous vient de Stanford. Le « milli-spinner ». Cette technologie est « deux fois plus efficace »  que toutes les autres pour retirer les caillots sanguins. Une nouvelle ère dans le traitement des AVC, infarctus et embolies pulmonaires.

C’est un tournant majeur dans la lutte contre les maladies liées aux caillots sanguins qui vient d’être franchi par une équipe de Stanford Engineering (soit l’École d’ingénieurs de l’Université de Stanford), qui a mis au point une technologie médicale inédite, baptisée « thrombectomie par milli-spinner », capable de retirer les caillots « 2 fois plus efficacement que les méthodes actuelles ». Publiée le 4 juin dans la revue Nature, cette innovation de rupture pourrait transformer la manière dont sont traités les AVC ischémiques, les crises cardiaques et de nombreuses pathologies potentiellement mortelles.

Une avancée décisive contre l’AVC

Dans le cas d’un AVC ischémique, chaque seconde compte. Plus vite le caillot est éliminé, plus le cerveau est préservé. Aujourd’hui, les techniques de thrombectomie réussissent à extraire un caillot, dès la première tentative, dans seulement 50 % des cas. Pire : elles échouent complètement pour environ 15 % des patients.

Le milli-spinner, qui peut atteindre les caillots par cathéter, bouleverse ces statistiques. Selon Jeremy Heit, neuroradiologue à Stanford et co-auteur de l’étude, cette technologie permettrait d’atteindre « 90 % de réussite du premier coup », y compris pour les caillots les plus résistants. « C’est une technologie révolutionnaire qui améliorera considérablement notre capacité à aider les patients. », affirme-t-il dans le communiqué publié par l’université.

Une approche biomécanique inédite

Le secret du milli-spinner ? Il ne tente pas de casser le caillot, mais de le « reconfigurer » pour l’extraire en douceur. Là où les dispositifs actuels aspirent ou attrapent les caillots, le plus souvent en les fragmentant (ce qui engendre certains risques), le milli-spinner utilise deux forces mécaniques simultanées : la compression et le cisaillement.

Grâce à des ailettes rotatives et à une aspiration, l’appareil agit comme si on frottait un amas de fibres avec ses mains, transformant le caillot en une boule compacte qui peut être retirée sans briser les filaments de fibrine, cette protéine résistante et filiforme piégeant les globules rouges et d’autres substances. Il est ainsi possible de « réduire la taille du caillot jusqu’à 5 % de son volume initial, sans provoquer de rupture ni dispersion », explique la professeure Renee Zhao, ingénieure en mécanique et conceptrice du milli-spinner. 

Résultat : un retrait rapide, propre, et beaucoup moins risqué. La solution fonctionne même sur « des caillots résistants riches en fibrine, impossibles à traiter actuellement ».

D’une idée accidentelle à une invention révolutionnaire

L’histoire de cette technologie est aussi fascinante que son fonctionnement. Initialement développée comme un système de propulsion pour des « milli-robots médicaux », une précédente invention de la même équipe, la structure du milli-spinner a surpris les chercheurs lorsqu’ils ont découvert ses effets inattendus sur les caillots sanguins.

Cet heureux hasard a déclenché une série d’expérimentations, menant à une conception optimisée de l’outil. En ce moment, l’équipe travaille sur un projet encore plus ambitieux : une version autonome de son appareil, qui serait capable de « nager librement dans les vaisseaux sanguins » des patients pour atteindre les caillots les plus inaccessibles.

Trois ans avant le milli-spinner, Stanford créait les milli-robots

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Une course contre la montre vers les blocs opératoires

Face au potentiel immense de cette invention, les chercheurs n’ont pas tardé à lancer une start-up dédiée, avec l’objectif de commercialiser rapidement cette innovation. Des essais cliniques sont en cours de préparation, afin d’obtenir les autorisations réglementaires. Et l’ambition va plus loin : l’équipe explore déjà des applications élargies de son milli-spinner, notamment pour fragmenter des calculs rénaux ou dans d’autres domaines médicaux où l’aspiration localisée pourrait faire une sacrée différence. « Des opportunités très prometteuses s’offrent à nous », s’enthousiasment les scientifiques.