Aux États-Unis, des cochons génétiquement modifiés pourraient considérablement améliorer le bien-être animal, notre santé et l’environnement.
Apparu à la fin des années 80, le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) est une maladie virale dévastatrice pour la filière porcine. Elle entraîne des troubles de la reproduction chez les truies, des problèmes respiratoires, des retards de croissance et augmente la mortalité des porcelets. Elle affaiblit leur système immunitaire et les rend plus vulnérables aux infections bactériennes secondaires. Ces co-infections peuvent multiplier par trois l’usage d’antibiotiques dans les élevages affectés. Lors des épidémies, elles entraînent même parfois des campagnes d’euthanasie massives. En Bretagne ou dans le Nord de la France, le SDRP est présent dans plus de la moitié des cheptels.
Mais la technologie dite des “ciseaux moléculaires” pourrait changer la donne.
La société britannique Genus a utilisé CRISPR-Cas9 pour désactiver un récepteur que le SDRP utilise pour infecter les porcs. Le résultat ? Des animaux immunisés contre 99 % des souches connues de la maladie. Mieux encore, l’édition de gènes se fait au stade embryonnaire, ce qui garantit que le caractère de résistance est transmis aux générations futures.
Et – c’est une première – la FDA (Food and Drug Administration) a autorisé l’élevage de ces porcs génétiquement modifiés.
Outre la baisse de consommation d’antibiotiques, c’est la promesse de réduire le stress et la souffrance des animaux. Et aussi celle de diminuer de près de 5% les émissions de gaz à effet de serre en limitant les pertes. Financièrement, celles-ci sont estimées aux États-Unis à 664 millions de dollars par an. Une économie qui va renforcer la compétitivité des éleveurs américains et baisser le prix de la viande pour les consommateurs.

Après les États-Unis, où les premiers cochons modifiés devraient être élevés dès l’an prochain, Genus cherche à obtenir des approbations réglementaires au Mexique, au Canada, au Japon et en Chine. Malheureusement pas en Europe, où la réglementation rend l’homologation impossible, probablement encore pour longtemps. L’assouplissement prochain de la législation sur les “nouveaux organismes génétiquement modifiés” ne porte que sur les végétaux, pas sur les animaux.
Dommage pour leur bien-être, le climat et nos éleveurs.